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Monsieur A, âgé de 45 ans, rapporte une irritabilité, une perte d’intérêt, des troubles du sommeil, une autocritique accrue et une diminution des soins personnels au cours du dernier mois après une promotion au travail. Il a des antécédents de trois épisodes dépressifs majeurs, dont un a nécessité une hospitalisation. Au cours des deux dernières années, ses symptômes dépressifs ont été pris en charge avec succès par l’escitalopram, 10 mg/j, et le bupropion, 150 mg/j. M. A veut arrêter de prendre ces médicaments en raison d’un dysfonctionnement sexuel. Il demande si des stratégies non pharmacologiques pourraient l’aider.

Une option à envisager pour M. A est la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (MBCT), qui a été initialement développée pour aider à prévenir les rechutes dépressives. La MBCT peut également réduire les symptômes de dépression et d’anxiété. Plus récemment, il a été démontré que la MBCT aidait les personnes à arrêter les antidépresseurs après s’être remises d’une dépression.

Il a été démontré que la méditation de pleine conscience régulière entraîne des modifications structurelles du cerveau qui peuvent contribuer à expliquer comment cette pratique traite efficacement les symptômes psychiatriques ( encadré ). Avec une formation appropriée, les psychiatres peuvent aider les patients à récolter les bénéfices de ce traitement cognitif.

Encadré

Comment la pleine conscience accorde le cerveau au corps

Il a été démontré que la pratique régulière de la pleine conscience augmente l’épaisseur corticale dans les zones associées à l’attention, à l’interoception et au traitement sensoriel, comme le cortex préfrontal et l’insula antérieure droite.Ceci soutient l’hypothèse selon laquelle la pleine conscience est un moyen d’accorder l’esprit avec ses processus internes, et que cela implique les mêmes circuits neuronaux sociaux impliqués dans l’accord interpersonnel – régions préfrontales moyennes, insula, cortex temporal supérieur et système des neurones miroirs.b

Réponses de l’amygdale. La pleine conscience améliore la régulation des affects en optimisant la régulation de l’amygdale par le cortex préfrontal. Des développements récents dans la compréhension de la physiopathologie de la dépression ont mis en évidence le manque d’engagement du circuit préfrontal latéral-ventromédial gauche, important pour la régulation à la baisse des réponses de l’amygdale aux stimuli négatifs.c La pleine conscience est associée à une plus grande activation corticale préfrontale et à une plus grande réduction de l’activité de l’amygdale pendant les tâches d’étiquetage de l’affect, ce qui entraîne une meilleure régulation de l’affect chez les personnes ayant des niveaux plus élevés de pleine conscience.d

Activation antérieure gauche. D’autres chercheurs ont examiné le rôle de la pleine conscience dans le maintien d’une asymétrie préfrontale équilibrée. L’activation préfrontale gauche relative est liée à un style affectif caractérisé par des tendances plus fortes vers des réponses émotionnelles positives et un comportement orienté vers l’approche/la récompense, tandis que l’activation droite relative est associée à des tendances plus fortes vers des réponses émotionnelles négatives et un comportement orienté vers l’évitement/le retrait.

Source : Pour les références aux études décrites ici, voir cet article sur CurrentPsychiatry.com

Qu’est-ce que la méditation de pleine conscience ?

La méditation fait référence à une variété de pratiques qui concentrent intentionnellement l’attention pour aider le praticien à se désengager de l’absorption inconsciente des pensées et des sentiments. Contrairement à la méditation concentrative – dans laquelle les praticiens concentrent leur attention sur un seul objet tel qu’un mot (mantra), une partie du corps ou un objet extérieur – les participants à la méditation de pleine conscience portent leur attention sur un large éventail d’objets (tels que la respiration, le corps, les émotions ou les pensées) tels qu’ils apparaissent dans la conscience instantanée.

La pleine conscience est une conscience centrée sur le présent, sans jugement, dans laquelle chaque pensée, sentiment ou sensation qui surgit dans le champ attentionnel est reconnue et acceptée telle quelle.1-3 Bishop et al4 ont défini un modèle à 2 composantes de la pleine conscience :

  • autorégulation de l’attention de l’expérience immédiate, permettant ainsi une reconnaissance accrue des événements mentaux dans le moment présent
  • adoption d’une orientation de curiosité, d’ouverture et d’acceptation envers ses expériences à chaque instant.

Interventions basées sur la pleine conscience

La psychologie bouddhiste et occidentale informe le cadre théorique de la plupart des interventions cliniques basées sur la pleine conscience, telles que :

  • thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT)
  • thérapie comportementale dialectique (DBT)
  • réduction du stress basée sur la pleine conscience (MBSR)
  • MBCT.

La pleine conscience n’étant qu’une composante parmi d’autres de l’ACT et de la TCD5, cette revue se concentre sur la MBCT et la MBSR, dans lesquelles l’enseignement des compétences de pleine conscience est au centre du traitement.

MBCT et MBSR. La MBCT intègre de nombreux aspects du programme de traitement manualisé MBSR développé pour la gestion de la douleur chronique.6,7 La MBSR est presque entièrement consacrée à la culture de la pleine conscience à travers :

  • des pratiques formelles de méditation de pleine conscience telles que le body scan (amener intentionnellement la conscience aux sensations corporelles), les étirements en pleine conscience et la pleine conscience de la respiration/du corps/des sons/des pensées
  • des pratiques informelles, y compris la pleine conscience des activités quotidiennes telles que l’alimentation.1

Le MBSR implique généralement 8 à 10 sessions de groupe hebdomadaires de 2 à 2,5 heures avec 10 à 40 participants présentant des présentations cliniques hétérogènes ou homogènes. À chaque séance, les patients se voient enseigner des compétences et des pratiques de pleine conscience. En général, une journée complète de pratique de la méditation pendant un week-end suit la session 5 ou 6. Les participants s’engagent également dans une pratique de méditation quotidienne et dans des exercices à la maison visant à intégrer les compétences de pleine conscience dans la vie quotidienne.

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