Kalidasa était le plus grand des dramaturges sanskrits, et le premier grand nom de la littérature sanskrite après Ashvaghoshha. Dans l’intervalle de trois siècles entre Asvaghosha (qui a eu une profonde influence sur le poète) et Kalidasa, il y a eu quelques efforts littéraires, mais rien qui puisse se comparer à la maturité et à l’excellence de la poésie de Kalidasa. On ne connaît pratiquement aucun fait sur sa vie, bien que les légendes colorées abondent. Physiquement beau, il était censé être un enfant très ennuyeux, et a grandi sans éducation. Grâce aux efforts d’entremetteur d’un ministre intrigant, il fut marié à une princesse qui avait honte de son ignorance et de sa grossièreté. Kalidasa (Kali’s
Il y a de fortes raisons de croire que Kalidasa était d’origine étrangère. Son nom est inhabituel, et même la légende suggère qu’il a été adopté. Le stigmate attaché au suffixe `dasa’ (esclave) était très fort, et les hindous orthodoxes évitaient son utilisation. Sa dévotion au credo brahmanique de son époque peut trahir le zèle d’un converti. Il est assez remarquable que la tradition indienne ne dispose d’aucune donnée fiable concernant l’un de ses plus grands poètes, alors qu’il existe un fonds d’informations à la fois historiques et traditionnelles sur des centaines de sommités littéraires de moindre importance. Kalidasa connaissait bien les sciences et les arts contemporains, y compris la politique et l’astronomie. Ses connaissances en astronomie scientifique ont manifestement été glanées dans des sources grecques et, dans l’ensemble, il semble avoir été un produit de la grande synthèse des peuples et des cultures indiens et barbares qui se déroulait dans le nord-ouest de l’Inde à son époque. Le Dr S. Radhakrishnan dit : « Quelle que soit la date que nous adoptons pour lui, nous sommes dans le domaine de la conjecture raisonnable et rien de plus. Kalidasa parle très peu de lui-même, et nous ne pouvons donc pas être sûrs de la paternité de nombreuses œuvres qui lui sont attribuées. Nous ne connaissons aucun détail de sa vie. De nombreuses légendes ont entouré son nom, mais elles n’ont aucune valeur historique. L’histoire apocryphe selon laquelle il aurait fini ses jours à Ceylan et serait mort aux mains d’une courtisane, et que le roi de Ceylan, en proie au chagrin, se serait immolé par le feu, n’est pas acceptée par ses biographes. Voici la liste des principales œuvres attribuées à Kalidasa.
Shaakuntal, dont le thème est emprunté au Mahabharata, est un drame en sept actes, riche en fantaisie créatrice. C’est un chef-d’œuvre d’habileté dramatique et de diction poétique, exprimant des sentiments tendres et passionnés avec douceur et modération, si absents de la plupart des œuvres littéraires indiennes. Elle a reçu des éloges enthousiastes de Goethe.
Malavikaagnimitra (Malavika et Agnimitra) raconte l’histoire de l’amour d’Agnimitra de Vidisha, roi des Shungas, pour la belle servante de sa reine en chef. À la fin, on découvre qu’elle est de naissance royale et elle est acceptée comme l’une de ses reines. La pièce contient un récit du sacrifice raajasuuya effectué par Pushyamitra, ainsi qu’une exposition plutôt fastidieuse d’une théorie sur la musique et le jeu d’acteur. Il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre de premier ordre.
Vikramorvashi (Urvashii gagnée par la vaillance), drame de la classe trotaka relatant comment le roi Pururavas sauve la nymphe Urvashii des démons. Convoqué par Indra, il est obligé de se séparer d’elle. Le quatrième acte sur la folie de Pururavas est unique. Outre l’extraordinaire soliloque de l’amant dément à la recherche de sa bien-aimée, il contient plusieurs vers en prakrit. Après de nombreuses épreuves, les amants sont réunis dans une fin heureuse.
Meghaduuta (Messager des nuages) : le thème de ce long poème lyrique est un message envoyé par un yaksha exilé en Inde centrale à sa femme dans l’Himalaya, son envoyé étant un megha ou nuage. Ses belles descriptions de la nature et les délicates expressions de l’amour dans lesquelles la passion est purifiée et le désir ennobli, ont de même suscité l’admiration de Goethe.
Raghuvamsha (la généalogie de Raghu), un mahaakavya, considéré par les critiques indiens comme la meilleure œuvre de Kalidasa, traite de la vie de Rama, ainsi que de l’enregistrement de ses ancêtres et descendants. On y trouve de nombreuses et longues descriptions, dont une grande partie est inventée et artificielle. Un seul roi de cette pieuse dynastie ne parvient pas à se hisser au niveau idéal, à savoir Agnivarna.
Rituu-samhaara, (Cycle saisonnier), un poème décrivant les six saisons de l’année dans tous leurs aspects changeants.
Kumaara-sambhava (Occasion de Kumaara), généralement traduit `La naissance du dieu de la guerre’, un mahaakavya racontant comment Parvati a gagné l’amour de Siva afin de mettre au monde Kumara (c’est-à-dire Karttikeya) le dieu de la guerre pour détruire le démon Taraka. Les derniers cantos, de nature excessivement érotique, sont généralement omis dans les versions imprimées. C’est notamment le cas du Canto VIII où les étreintes du couple divin nouvellement marié sont évoquées avec force détails.