• 20 novembre 2018
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Les minorités sont toutes les minorités nationales culturelles, ethniques, religieuses et linguistiques dont le statut de minorité a été reconnu par la législation nationale ou par des déclarations internationales contraignantes, ainsi que les minorités qui se définissent et s’organisent comme telles.

Les droits des minorités sont fondés sur la reconnaissance du fait que les minorités se trouvent dans une situation vulnérable par rapport aux autres groupes de la société, à savoir la population majoritaire, et visent à protéger les membres d’un groupe minoritaire contre la discrimination, l’assimilation, les poursuites, l’hostilité ou la violence, en raison de leur statut. Il convient de souligner que les droits des minorités ne constituent pas des privilèges, mais agissent pour garantir un respect égal des membres des différentes communautés. Ces droits servent à accommoder les groupes vulnérables et à amener tous les membres de la société à un niveau minimum d’égalité dans l’exercice de leurs droits humains et fondamentaux.

L’histoire européenne a montré que la protection des minorités nationales est essentielle à la stabilité, à la sécurité démocratique et à la paix sur ce continent. Une société pluraliste et authentiquement démocratique doit non seulement respecter l’identité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse de chaque personne appartenant à une minorité nationale, mais aussi créer les conditions appropriées leur permettant d’exprimer, de préserver et de développer cette identité. La création d’un climat de tolérance et de dialogue est nécessaire pour permettre à la diversité culturelle d’être une source et un facteur, non pas de division, mais d’enrichissement pour chaque société.

Les minorités nécessitent des mesures spéciales pour s’assurer qu’elles bénéficient des mêmes droits que le reste de la population. Par conséquent, les droits des minorités servent à amener tous les membres de la société à une jouissance équilibrée de leurs droits de l’homme. En d’autres termes, leur but est de garantir que les personnes appartenant à une minorité nationale jouissent d’une égalité effective avec les personnes appartenant à la majorité. Dans ce contexte, la promotion de l’égalité des chances à tous les niveaux pour les personnes appartenant à une minorité nationale est particulièrement importante, car elle donne du pouvoir aux communautés et favorise l’exercice des libertés individuelles.

La promotion et la protection de leur identité sont au cœur des droits des minorités. La promotion et la protection de leur identité empêchent l’assimilation forcée et la perte des cultures, des religions et des langues, qui sont à la base de la richesse du monde et font donc partie de son patrimoine. La non-assimilation exige que la diversité et les identités plurielles soient non seulement tolérées mais protégées et respectées. Les droits des minorités consistent à garantir le respect des identités distinctives tout en veillant à ce que toute différence de traitement à l’égard de groupes ou de personnes appartenant à ces groupes ne masque pas des pratiques et des politiques discriminatoires. Par conséquent, une action positive est nécessaire pour respecter la diversité culturelle, religieuse et linguistique, et reconnaître que les minorités enrichissent la société grâce à cette diversité.

La participation des personnes appartenant à des minorités aux affaires publiques et à tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle du pays où elles vivent est en fait essentielle pour préserver leur identité et lutter contre l’exclusion sociale. Des mécanismes sont nécessaires pour que la diversité de la société en ce qui concerne les groupes minoritaires soit reflétée dans les institutions publiques, telles que les parlements nationaux, le secteur de la fonction publique, y compris la police et le système judiciaire, et pour que les personnes appartenant à des minorités soient adéquatement représentées, consultées et aient voix au chapitre dans les décisions qui les concernent ou qui concernent les territoires et régions dans lesquels elles vivent. La participation doit être significative et non simplement symbolique, et reconnaître, par exemple, que les minorités sont généralement sous-représentées et que leurs préoccupations peuvent ne pas être prises en compte de manière adéquate. La participation des femmes appartenant à des minorités est particulièrement préoccupante.

La protection des droits des minorités est un exercice de tolérance et de dialogue interculturel. En encourageant le respect et la compréhension mutuels, les différents groupes qui composent une société devraient pouvoir s’engager et coopérer les uns avec les autres, tout en préservant leur propre identité. Les éléments de base nécessaires à la réalisation de cet objectif consistent à promouvoir la connaissance de la culture, de l’histoire, de la langue et de la religion des minorités dans une perspective interculturelle. En d’autres termes, la protection des droits des minorités peut promouvoir une société inclusive, pacifique et cohésive, dans le respect de la diversité.

Les tensions interethniques, les divisions et l’exclusion qui ne sont pas traitées peuvent facilement devenir une source d’instabilité et de conflit. Traiter efficacement les relations entre minorités et majorités à la suite d’un conflit ethnique est essentiel pour parvenir à une paix durable. A cet égard, la protection des minorités nationales est non seulement fondamentale pour renforcer la cohésion sociale dans des sociétés diverses, mais aussi essentielle pour parvenir à la sécurité démocratique, au développement durable et à la paix dans un contexte d’instabilité.

  • Quels documents et institutions sont importants?

Nations Unies

La protection des minorités nationales, les droits et libertés des membres des minorités font tous partie de la protection internationale des droits de l’homme. Il est nécessaire de commencer l’examen du cadre législatif comme base pour créer des réglementations positives dans les États signataires avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Le Pacte est le seul traité mondial qui comprend une disposition (art. 27) qui fait spécifiquement référence aux droits des minorités.

Article 27
Dans les Etats où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant à ces minorités ne peuvent être privées du droit d’avoir, en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion, ou d’employer leur propre langue.

Acceptant et respectant que l’idéal d’un être humain libre qui dispose de toutes les libertés citoyennes et politiques ne peut être atteint que si toutes les conditions qui permettent à chacun de disposer de ses droits citoyens et politiques.

La Déclaration des Nations unies sur les droits des minorités exige des Etats qu’ils protègent l’existence et l’identité des minorités. Elle demande également aux États d’encourager la promotion des identités nationales ou ethniques, culturelles, religieuses et linguistiques. En vertu de l’article 2, paragraphe 1, de cette déclaration, les minorités ont le droit de pratiquer leur religion, de jouir de leur culture et d’utiliser leur propre langue dans les lieux publics et privés sans aucune forme de discrimination. L’article 3 de cette déclaration garantit aux personnes appartenant à des minorités le droit d’exercer leurs droits individuellement et en communauté avec d’autres sans discrimination. Elle a été adoptée par la résolution 47/135 de l’Assemblée générale du 18 décembre 1992.

S’appuyant sur l’universalité des droits de l’homme et le principe fondamental d’égalité et de non-discrimination, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme s’efforce de promouvoir et de protéger les droits de l’homme de tous, partout. La promotion et la protection des droits des personnes appartenant à des minorités est donc une responsabilité intégrale et une priorité importante du Haut Commissaire, y compris des présences sur le terrain. Plus spécifiquement, le Haut Commissaire est appelé à promouvoir la mise en œuvre des principes contenus dans la Déclaration des minorités et à engager un dialogue avec les gouvernements concernés à cette fin.

Conseil de l’Europe

Le statut des droits des minorités nationales a été donné par le Protocole n° 12 à la Convention européenne des droits de l’homme.

Article 1
La jouissance de tout droit prévu par la loi doit être assurée, sans discrimination aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation.

Nul ne peut faire l’objet d’une discrimination de la part d’une autorité publique pour un motif tel que ceux mentionnés au paragraphe 1.

La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992 a fourni des mécanismes et des instruments concernant la protection des droits des minorités nationales. La Charte est orientée sur des mécanismes concrets de protection des langues minoritaires ou régionales dans le domaine de l’éducation, de l’information publique, des activités culturelles, de la vie économique et sociale, des affaires pénales et civiles où il est justifié que la langue minoritaire soit en usage officiel, dans le travail des administrations locales et centrales.

Deux ans plus tard, en 1994, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a adopté la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales (CCMN), introduisant ainsi des normes claires pour la protection des minorités nationales dans le cadre des valeurs de l’interculturalisme, soulignant particulièrement la question du multilinguisme dans l’utilisation de la langue régionale ou minoritaire dans la vie privée et publique comme un droit inhérent mentionné dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Article 14

La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente convention doit être assurée, sans discrimination aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation.

La CCNM est le premier document international juridiquement contraignant dans le domaine de la protection des minorités nationales adopté dans les années 90, à l’époque où un nombre important de pays étaient confrontés à des changements transitoires dans le but de créer des normes pour les minorités afin d’atteindre la paix et la stabilité. Elle représente l’un des documents les plus importants dans le domaine des droits des minorités : droit de préserver sa culture, sa tradition, sa langue, sa religion et ses coutumes, droit à l’éducation dans la langue maternelle, droit d’accès aux médias, droit de participer à la vie économique, publique et politique ainsi qu’à la communication avec les autochtones.

Jusqu’à aujourd’hui, 39 des 47 membres du Conseil de l’Europe ont ratifié la FCNM, dont la plupart des pays des Balkans occidentaux. Il convient de mentionner que les États ont ainsi accepté la responsabilité d’exécuter les règlements mentionnés dans la Convention-cadre et d’autres documents de droit international qui concernent les droits des minorités nationales qu’ils ont ratifiés.

En introduisant des normes internationales des droits des minorités nationales, la Convention-cadre a englobé les trois générations de droits des minorités dans ses règlements : le droit de déclarer librement son appartenance à une minorité nationale et l’égalité devant la loi sans discrimination, le droit de préserver sa propre langue, sa religion et sa tradition ainsi que le droit de participer à la vie culturelle, économique, politique et publique. Il est important de souligner que la Convention-cadre a introduit la base pour le développement de la plus récente, la troisième génération de droits, qui garantit la participation des minorités dans le processus de prise de décision.

La mise en œuvre de la Convention-cadre, principalement la compatibilité avec la Convention européenne des droits de l’homme, est intensivement supervisée par le Conseil de l’Europe.

Un comité consultatif formé de 18 professionnels indépendants a été créé pour superviser la mise en œuvre de la FCNM. Le Comité coopère et partage ses expériences avec les organes qui traitent de questions similaires, par exemple la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), la Commission de Venise, le Commissaire aux droits de l’homme et d’autres organisations internationales.

Il est important que, bien qu’elle soit parfois qualifiée d’instrument  »mou » en raison de l’absence d’un mécanisme ferme de contrôle de la mise en œuvre, la Convention-cadre soit devenue un instrument de lutte contre la discrimination, car presque tous les pays ont élaboré des réglementations appropriées sur la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe

Le Haut Commissaire de l’OSCE pour les minorités nationales (HCMN) s’implique dans une situation si, selon son jugement, il existe des tensions impliquant des minorités nationales qui pourraient se transformer en conflit. Le Haut Commissaire s’occupe des déclencheurs à court terme de tensions ou de conflits interethniques et des préoccupations structurelles à long terme. Si un État participant ne respecte pas ses engagements politiques ou les normes internationales, le Haut Commissaire l’aide en fournissant une analyse et des recommandations. Sur la base de l’expérience acquise, le HCMN publie des recommandations et des lignes directrices thématiques qui donnent des conseils sur les défis communs et les meilleures pratiques.

Les lignes directrices de Ljubljana sur l’intégration de sociétés diverses par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) vont au-delà du soutien à la reconnaissance de la culture, de l’identité et des intérêts politiques des minorités pour recommander en outre aux États de veiller à ce que la communication et l’interaction soient établies au-delà des clivages ethniques. Ces lignes directrices suggèrent que les minorités nationales devraient non seulement jouir du droit légal de participer effectivement à la gouvernance globale de l’État, mais qu’elles devraient également être encouragées à le faire.

Les lignes directrices sur la réglementation des partis politiques ainsi que les notes interprétatives ont été préparées par le groupe d’experts sur les partis politiques du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en consultation avec la Commission européenne pour la démocratie par le droit (la Commission de Venise) du Conseil de l’Europe. Il vise à fournir une vue d’ensemble des questions relatives à l’élaboration et à l’adoption d’une législation pour les partis politiques dans les démocraties.

Une bonne gouvernance démocratique répond aux besoins et aux intérêts de l’ensemble de la population d’un État. Si la démocratie implique la règle de la majorité dans la prise de décision politique, elle comprend également des garanties contre l’abus du pouvoir de la majorité. Ceci est réalisé en assurant la protection et la participation des minorités, et en facilitant les processus inclusifs de gouvernance qui impliquent tous les membres de la population.

Les partis politiques sont une plateforme collective pour l’expression des droits fondamentaux d’association et d’expression des individus et ont été reconnus par la Cour européenne des droits de l’homme comme des acteurs à part entière du processus démocratique. En outre, ils sont le moyen le plus largement utilisé pour la participation politique et l’exercice des droits connexes. Les partis sont à la base d’une société politique pluraliste et jouent un rôle actif pour garantir un électorat informé et participatif. En outre, les partis servent souvent de pont entre les branches exécutives et législatives du gouvernement et peuvent servir à prioriser efficacement l’agenda législatif au sein d’un système de gouvernement.

Les deux directives mentionnées précédemment reconnaissent et soulignent l’importance exceptionnelle des partis politiques dans la mise en œuvre des droits des minorités et leur intégration sociale concernant le rôle critique qu’ils jouent en tant qu’acteurs politiques dans la sphère publique.

L’interdiction de la discrimination et la promotion de l’égalité effective sont des principes exprimés dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, tant au niveau universel que régional.

Le rétablissement de la pleine appartenance à la société, l’égalité des chances et l’égalité de traitement pour tous, y compris dans l’accès aux biens et services publics, devraient être des principes directeurs lors de l’élaboration des politiques d’intégration. Cela signifie que les États doivent promouvoir de manière proactive la diversité et créer les conditions pour que chacun se sente et agisse comme un membre à part entière de cette société. Le sentiment d’appartenance à une société commune implique que, lorsque les conditions adéquates sont réunies, les individus, quelle que soit leur identité, doivent non seulement respecter la législation et les droits d’autrui, mais aussi éviter l’auto-isolement et profiter pleinement de leurs possibilités de canaliser les revendications par le biais des instruments légitimes fournis par les autorités.

Les normes internationales reconnaissent le rôle important des partis politiques dans la promotion de la tolérance, de la diversité culturelle et de la résolution des questions liées aux minorités. Les politiciens jouent un rôle essentiel dans les processus d’intégration, à la fois en tant que législateurs et décideurs, en façonnant le discours politique et en contribuant au climat social général, y compris en ce qui concerne les relations intercommunautaires.

Les partis et acteurs politiques, indépendamment des lignes politiques et idéologiques, sont liés par la même interdiction de la discrimination que le reste de la société. Bien que la liberté d’expression des partis politiques et des représentants élus dans l’exercice de leurs fonctions soit particulièrement protégée en raison de leur rôle sociétal et démocratique essentiel, l’interdiction de l’incitation à la haine raciale, ethnique ou religieuse s’applique également à eux. En outre, même dans les limites larges de leur liberté d’expression, les hommes politiques doivent également être conscients de l’impact – tant positif que négatif – que leur comportement peut avoir sur le climat de tolérance qui règne dans la société. Si les partis et les représentants politiques s’engagent dans un dialogue respectueux et prennent clairement position contre l’incitation à la haine, le climat politique deviendra plus propice à l’intégration de la société. Par conséquent, les systèmes de partis devraient être pluralistes, encourager la libre concurrence entre toutes les parties de la société et être inclusifs au-delà des lignes ethniques.

Droits des minorités : International Standards and Guidance for Implementation, Nations unies, Haut Commissariat, Ney York et Genève 2010

Guide pour les professionnels travaillant avec les communautés au Kosovo. Centre européen pour les questions relatives aux minorités Kosovo. 2013, p. 172.

https://www.coe.int/en/web/minorities/text-of-the-convention

Droits des minorités : International Standards and Guidance for Implementation, Nations Unies, Haut Commissariat, Ney York et Genève 2010

Human Rights Law Review, Ringelheim .J., vol. 10, Issue 1, 2010, Oxford University Press

http://www.ohchr.org/en/professionalinterest/pages/ccpr.aspx

http://www.equalrightstrust.org/content/united-nations-declaration-rights-minorities

Promouvoir et protéger les droits des minorités : Un guide pour les défenseurs, Nations unies, Haut-Commissariat, Genève et New York, 2012

http://www.echr.coe.int/Documents/Convention_ENG.pdf

Convention-cadre pour la protection des minorités nationales et rapport explicatif, Conseil de l’Europe, Strasbourg, 1995

Milena Klajner. Comité consultatif sur la convention-cadre pour la protection des minorités nationales, Zagreb. L’influence de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales sur la mise en oeuvre des droits des minorités : Treize ans après son entrée en vigueur

https://www.osce.org/hcnm

https://www.osce.org/hcnm/ljubljana-guidelines

Les lignes directrices de Ljubljana sur l’intégration des sociétés diverses & Note explicative, OSCE/HCNM, 2012

Lignes directrices sur la réglementation des partis politiques, OSCE/BIDDH et Commission de Venise, 2010

Lignes directrices sur la réglementation des partis politiques, OSCE/BIDDH et Commission de Venise, 2010

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