Narbonne fut établie en Gaule par la République romaine en 118 av. J.-C., sous le nom de Colonia Narbo Martius, familièrement Narbo, et érigée en capitale de la nouvelle province de Gallia Transalpina. Elle était située sur la Via Domitia, la première voie romaine en Gaule, construite au moment de la fondation de la colonie, et reliant l’Italie à l’Espagne. Géographiquement, Narbonne se trouvait donc à un carrefour très important car elle était située à l’endroit où la Via Domitia se connectait à la Via Aquitania, qui menait vers l’Atlantique en passant par Tolosa et Burdigala. De plus, elle était traversée par le fleuve Aude. Les membres survivants de la Legio X Equestris de Jules César ont reçu des terres dans la région qui s’appelle aujourd’hui Narbonne.
Politiquement, Narbonne a gagné en importance en tant que concurrent de Massilia (Marseille). Jules César y installe des vétérans de sa 10e légion et tente de développer son port alors que Marseille soutient Pompée. Parmi les produits de Narbonne, son miel de fleurs de romarin était célèbre chez les Romains.
Plus tard, la province de Gallia Transalpina fut rebaptisée Gallia Narbonensis du nom de la ville, qui devint sa capitale. Siège d’une puissante administration, la ville connaît une expansion économique et architecturale. A cette époque, la ville compterait 30 000 à 50 000 habitants, et pourrait en compter jusqu’à 100 000.
Selon Hydatius, en 462, la ville fut remise aux Wisigoths par un chef militaire local en échange d’un soutien, en conséquence de quoi la domination romaine prit fin dans la ville. Elle fut ensuite la capitale de la province wisigothique de Septimanie, le seul territoire de la Gaule à repousser la poussée franque après la bataille de Vouille (507). Pendant 40 ans, de 719 à 759, Narbonne fait partie de l’empire omeyyade. Le gouverneur omeyyade Al-Samh a pris Narbonne au Royaume des Wisigoths en 719. Le Carolingien Pépin le Bref a conquis Narbonne sur les Arabes en 759, après quoi elle a fait partie de la vicomté carolingienne de Narbonne. Il a invité, selon des sources chrétiennes, d’éminents juifs du califat de Bagdad à s’installer à Narbonne et à établir un important centre d’enseignement juif en Europe occidentale. Au XIIe siècle, la cour d’Ermengarde de Narbonne (règne de 1134 à 1192) préside l’un des centres culturels où se développe l’esprit de l’amour courtois.
Au XIe et XIIe siècle, Narbonne abritait une importante école exégétique juive, qui joua un rôle central dans la croissance et le développement des langues zarphatique (judéo-française) et shuadit (judéo-provençale). Les Juifs s’étaient installés à Narbonne dès le Ve siècle environ, avec une communauté qui atteignait environ 2000 personnes au XIIe siècle. À cette époque, Narbonne est fréquemment mentionnée dans les ouvrages talmudiques en relation avec ses savants. Une source, Abraham ibn Daud de Tolède, leur accorde une importance similaire à celle des exilarques de Babylone. Aux XIIe et XIIIe siècles, la communauté connaît une série de hauts et de bas avant de s’installer dans un déclin prolongé.
Narbonne perd son fleuve et son portEdit
Narbonne elle-même tombe dans un lent déclin au XIVe siècle, pour diverses raisons. L’une d’elles était due à un changement du cours de l’Aude, qui a provoqué un envasement accru de l’accès à la navigation. Le fleuve, connu sous le nom d’Atax dans l’Antiquité, avait toujours eu deux cours principaux qui se séparaient près de Salelles ; une bifurcation allant vers le sud à travers Narbonne puis vers la mer près du Massif de la Clappe, l’autre allant vers l’est jusqu’à l’étang de Vendres près de l’embouchure actuelle du fleuve, bien à l’est de la ville. Les Romains avaient amélioré la navigabilité du fleuve en construisant un barrage près de Salelles et en canalisant le fleuve à travers son delta marécageux jusqu’à la mer (à l’époque comme aujourd’hui, le canal était connu sous le nom de Robine). L’Aude a une longue histoire de débordements. Lorsqu’il s’agissait d’un port animé, la distance de la côte était d’environ 5 à 10 km (3 à 6 mi), mais à cette époque, l’accès à la mer était assez profond lorsque le fleuve était en pleine crue, ce qui rendait les communications entre le port et la ville peu fiables. Cependant, les marchandises pouvaient facilement être transportées par voie terrestre et dans des barges peu profondes à partir des ports (il y en avait plusieurs : un port principal et des ports avancés pour les plus gros navires ; en effet, la navigabilité de la mer vers l’étang puis vers le fleuve avait été un problème permanent)
Les modifications du long bord de mer qui résultaient de l’ensablement de la série de graus ou d’ouvertures qui s’intercalaient entre les îles qui composaient le littoral (St. Martin ; St. Lucie) ont eu un impact plus grave que le changement de cours du fleuve. D’autres causes de déclin furent la peste et le raid d’Édouard, le Prince Noir, qui causa de nombreux dégâts. La croissance d’autres ports fut également un facteur.
Cathédrale de NarbonneEdit
La cathédrale de Narbonne, dédiée aux saints Justus et Pasteur, fournit une preuve éclatante du changement soudain et dramatique de fortune de Narbonne lorsqu’on voit à l’arrière de la structure l’énorme programme de construction ambitieux figé dans le temps, car la cathédrale – toujours l’une des plus hautes de France – n’a jamais été achevée. Les raisons en sont multiples, mais la plus importante est que la cathédrale achevée aurait nécessité la démolition de la muraille de la ville. Le 14e siècle a également apporté la peste et une foule de raisons pour conserver les murs du 5e siècle (pré-visigothique).
Pour autant, le chœur, les chapelles latérales, la sacristie et la cour restent intacts, et la cathédrale, bien qu’elle ne soit plus le siège d’un évêque ou d’un archevêque, reste le principal lieu de culte pour la population catholique romaine de la ville, et constitue une attraction touristique majeure.
Construction du canal de la RobineEdit
Dès le XVIe siècle, soucieux de maintenir un lien avec un commerce important, les Narbonnais entreprennent de coûteux travaux sur les vestiges de l’accès à la mer de l’Aude afin qu’il reste navigable à un navire à tirant d’eau limité et serve également de liaison avec le canal royal. Cette importante entreprise aboutit à la construction du canal de la Robine, qui sera finalement relié au canal du Midi (alors appelé canal royal) par le canal de Jonction en 1776. Au 19e siècle, le système de canaux du sud de la France est entré en concurrence avec un réseau ferroviaire en expansion, mais a conservé une certaine importance en raison du commerce florissant du vin.
Ainsi, malgré son déclin depuis l’époque romaine, Narbonne a réussi à conserver son importance vitale mais limitée en tant que route commerciale, en particulier au cours des siècles plus récents.
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