Par le Dr Anne Zauderer

Nous vivons une époque incroyable de l’histoire. A aucun autre moment la vie n’a été aussi confortable pour les humains. Nous n’avons pas à chercher notre nourriture, nous vivons dans des environnements à température contrôlée, nous dormons sur des matelas moelleux, et nous avons des véhicules pour nous transporter là où nous devons aller. Pourtant, nous sommes au milieu d’une épidémie de maladies chroniques.

2,1 milliards de personnes sont en surpoids ou obèses. Cela représente un tiers de la population mondiale1. Les affections liées à l’inflammation sont en augmentation2:

• Près de 10 % des jeunes enfants sont touchés par une dermatite allergique (eczéma).
• Plus de 25 millions d’Américains souffrent d’asthme.
• Plus de 24 millions d’Américains, soit 8 % de la population, sont diabétiques. Selon les estimations, d’ici 2025, le nombre d’Américains atteints de cette maladie sera proche de 50 millions.
• L’arthrite et les maladies articulaires touchent 43 millions de personnes aux États-Unis, soit près de 20 % de la population. Ce nombre devrait dépasser les 60 millions d’ici 2020.
• Plus de 5 millions d’Américains sont atteints de la maladie d’Alzheimer.
• Les troubles dépressifs touchent environ 18,8 millions d’adultes américains, soit environ 9,5 % de la population américaine âgée de 18 ans et plus.

Les gens sont stressés, fatigués, anxieux, déprimés, déconnectés, en souffrance et en colère. Nous sommes prompts à vouloir faire disparaître nos symptômes par des médicaments sans nous demander quelle pourrait être la racine de tous ces symptômes. Je ne peux pas parler de votre condition exacte, mais ce que mon expérience m’a appris, c’est que l’inflammation est à l’origine de la plupart des maladies chroniques.

Il existe des causes communes d’inflammation dans notre alimentation (que nous savons tous que nous devrions éviter) telles que le sucre, la farine blanche, les additifs chimiques et les conservateurs, le sirop de maïs à haute teneur en fructose, les graisses trans, et bien d’autres. Et si je vous disais que la plupart des aliments sains que vous consommez contiennent une protéine qui pourrait être à l’origine de votre inflammation ? Les protéines dont je parle sont appelées lectines.

Les lectines, à ne pas confondre avec la lécithine (un agent émulsifiant) ou la leptine (une hormone qui régule le stockage des graisses et l’appétit), sont des protéines que l’on trouve en grande quantité dans les céréales, les haricots et certains fruits et légumes. Ces protéines sont fabriquées par les plantes comme mécanisme de défense contre les prédateurs. Les lectines provoquent une réaction inflammatoire chez le prédateur qui les consomme. La plupart des animaux, à part les humains, lorsqu’ils mangent quelque chose qui ne leur fait pas plaisir, ils essaient de l’éviter !

Comment fonctionnent les lectines ? Ce sont de grosses protéines très collantes qui se fixent sur les glucides (sucres), notamment les polysaccharides, dans l’organisme de l’animal après qu’il ait consommé la plante. Ces molécules de sucre se trouvent principalement à la surface des cellules et perturbent la communication entre les cellules en créant une réponse toxique ou inflammatoire. Un exemple de molécule de sucre à laquelle les lectines se lient est l’acide sialique, que l’on trouve dans l’intestin, le cerveau, entre les terminaisons nerveuses, dans les articulations, dans les fluides corporels et dans la paroi des vaisseaux sanguins. C’est pourquoi les personnes qui consomment beaucoup d’aliments riches en lectines sont enflammées et peuvent avoir des articulations douloureuses, du brouillard cérébral et de la fatigue.

Dans son livre, The Plant Paradox, le Dr Steven Gundry affirme que « les lectines facilitent l’attachement et la liaison des virus et des bactéries à leurs cibles prévues…. ». Certaines personnes – celles qui sont plus sensibles aux lectines – sont donc plus sujettes aux virus et aux infections bactériennes que les autres. » Cela me rend curieux au sujet des personnes qui souffrent d’infections chroniques, comme la maladie de Lyme, qui provoque de la fatigue, des articulations douloureuses et un brouillard cérébral – tous les mêmes symptômes qu’une sensibilité aux lectines.

Un autre effet des lectines est qu’elles peuvent stimuler la prise de poids. Un type spécifique de lectine, l’agglutinine de germe de blé (WGA), est particulièrement responsable de cela. L’une des façons dont elle agit est sa ressemblance frappante avec l’hormone insuline. C’est l’insuline qui met le sucre à la disposition de nos cellules pour qu’elles puissent le brûler comme énergie. Comme la WGA imite l’insuline, elle se lie aux sites récepteurs de l’insuline sur les cellules, ce qui bloque l’action de l’insuline. Il en résulte une mauvaise utilisation de l’énergie (fatigue) et davantage de sucre pompé dans les cellules graisseuses, ce qui stimule la prise de poids et la résistance à l’insuline, qui est le précurseur du diabète.

Les lectines peuvent également stimuler les fuites intestinales. Comme la paroi de notre tube digestif n’a qu’une seule couche de cellules, lorsque les lectines attaquent la muqueuse de l’intestin, elles créent une inflammation et font levier sur les jonctions serrées de la paroi intestinale.

Quels sont les aliments de l’alimentation américaine qui sont riches en lectines ? Vous trouverez ci-dessous une liste d’aliments à éviter. Pour une liste plus complète, je vous recommande le livre du Dr Gundry, The Plant Paradox. La raison du titre de son livre est que, paradoxalement, il y a beaucoup d’aliments sains qui contiennent des vitamines, des minéraux et des antioxydants essentiels pour notre santé, mais qui sont également riches en lectines. Nous devons être conscients de la façon dont nous préparons les aliments, de la quantité que nous consommons de certains aliments et de la façon dont les aliments nous font sentir.

Aliments riches en lectines :

• Blé
• Maïs
• Riz
• Patates blanches
• Avoine
• Quinoa
• Légumineuses (y compris les arachides et les noix de cajou)
• Soy
• Graines (citrouille, tournesol, chia)
• Concombres
• Courgettes
• Pomates
• Courges (de toute sorte)
• Abergines
• Poivrons
• Baies de Goji

Un autre point très important à considérer est que vous êtes ce que vous mangez, mais vous êtes aussi ce que votre nourriture a mangé. Cela signifie que si vous consommez des protéines animales provenant d’un animal qui a été nourri avec un régime à base de maïs et de soja, vous recevrez des lectines dans le lait, la graisse et les protéines de cet animal. De plus, si vous considérez le fait que les agriculteurs nourrissent les animaux avec des céréales pour les engraisser, vous pouvez commencer à voir l’effet inflammatoire des lectines à l’œuvre chez ces animaux. Le fait que les vaches soient obligées de suivre un régime alimentaire non naturel à base de maïs et de soja provoque des brûlures d’estomac chez elles. Les brûlures d’estomac sont telles que les agriculteurs doivent ajouter du carbonate de calcium à leur alimentation pour les prévenir, sinon elles cessent de manger. La moitié du carbonate de calcium mondial est donné au bétail pour cette même raison.

Si vous voulez de la viande à faible teneur en lectine, vous devez consommer des protéines animales élevées au pâturage, finies au pâturage. Vous avez besoin d’œufs qui sont complètement élevés au pâturage. Certaines étiquettes sur les aliments sont destinées à vous donner un sentiment de sécurité, alors qu’il ne s’agit que d’un stratagème marketing. Voici quelques étiquettes dont il faut être conscient :

1. « Cage-free ou Free-range » – cela signifie seulement qu’une porte a été laissée ouverte pendant un minimum de 5 minutes par jour. La plupart des poulets sont dans des conditions de promiscuité telles, qu’ils ne voient jamais la lumière du jour.

1. « Nourri végétarien » – Les animaux ont été nourris avec un régime (non naturel) de céréales, très probablement OGM. Cela se retrouve couramment chez les volailles. Les poulets sont des insectivores, pas des mangeurs de céréales.

1. « Entièrement naturel » – ce terme est fondamentalement dénué de sens et n’a pas été défini par la FDA ou l’USDA.

1. « Sain pour le cœur » – il s’agit d’une étiquette conçue par l’industrie alimentaire pour que vous vous sentiez mieux en choisissant des aliments hautement transformés. Les Froot Loops ont été étiquetés comme « sains pour le cœur » par la FDA.

Avant de conclure cet article, il y a une chose que je voudrais souligner. Chacun d’entre nous est à un endroit différent dans son parcours de santé. J’applaudis toute personne qui fait de meilleurs choix alimentaires ! Pour la plupart des gens, l’idée de suivre un régime pauvre en lectine peut sembler insurmontable. J’espère que ces informations vous permettront d’examiner attentivement vos choix alimentaires et de faire le lien entre ce que vous mangez et ce que vous ressentez. Si vous avez déjà une alimentation saine et que vous vous sentez encore fatigué, que vous avez des douleurs articulaires, que vous n’arrivez pas à perdre du poids ou que vous souffrez de l’une des maladies inflammatoires chroniques énumérées ci-dessus, je vous encourage à envisager de supprimer les lectines de votre alimentation. Si l’élimination de toutes les lectines est trop difficile, je vous encourage à commencer par éliminer les céréales transformées et le sucre de votre alimentation. Une fois que vous ressentirez une amélioration de votre bien-être, j’espère que cela vous encouragera à plonger un peu plus profondément.