Jeanne d’Arc est née dans une famille de fermiers vers le 6 janvier 1412, dans le village agricole isolé de Domrémy, dans ce qui est aujourd’hui les Vosges, dans l’est de la France.

La guerre de Cent Ans grondait depuis 1337. Bien qu’elle soit née pendant une période de paix relative, le conflit a repris en 1415, lorsque le roi anglais Henri V a envahi la France. La jeune Jeanne a dû grandir au milieu des discussions régulières sur qui combattait qui et comment la Guerre se déroulait.

« Le contexte est important », dit Olivier Bouzy, un expert de Jeanne d’Arc. « A cette époque, les gens croyaient en Dieu, mais aussi aux elfes, aux monstres, aux démons et aux prophètes.

« Des choses qui sont des contes de fées pour nous étaient la réalité pour les gens d’alors.

« C’était un monde irrationnel, sans explication scientifique. Les gens pensaient que tout, même la mort d’un oiseau, était la volonté de Dieu parce que Dieu était tout puissant.

« Jeanne était fonctionnellement analphabète ; sa mère lui apprenait ses prières et elle allait aux services religieux dirigés par un prêtre provincial, mais elle a probablement ramassé une version très floue, bien qu’engagée, de la foi catholique. »

Pour de nombreux paysans, l’Europe semblait être en guerre depuis toujours. Les familles royales d’Angleterre et de France étaient tellement imbriquées que la guerre de Cent Ans était essentiellement une querelle de famille pour le trône de France, et à l’époque de Jeanne d’Arc, le camp français s’était divisé en deux.

Le roi, Charles VI, souffrait de crises de folie invalidantes, ce qui entraînait une rivalité féroce entre son frère, Louis, duc d’Orléans, et son cousin, le duc de Bourgogne, pour le trône.

En 1407, le duc d’Orléans est assassiné sur ordre du duc de Bourgogne.

Le fils du premier, Charles, prend alors la relève et la faction qui le soutient assassine le duc de Bourgogne. Philippe le Bon lui succède et conclut une alliance avec les Anglais.

Puis Henri V et Charles VI de France meurent tous deux en succession rapide, laissant Charles VII en compétition avec l’enfant Henri VI d’Angleterre pour le trône de France.

À cette époque, une alliance anglo-bourguignonne contrôle presque tout le nord de la France ainsi que certaines parties du sud-ouest. Reims, où les rois français étaient traditionnellement couronnés, était contrôlée par les Bourguignons.

Selon la légende, Jeanne, âgée de 13 ans, a vu une lumière rougeoyante dans le jardin un après-midi. Elle était convaincue que c’était Dieu ou un ange qui lui disait de vaincre les Anglais et d’emmener Charles VII à Reims pour son couronnement.

En 1428, les Anglais ont assiégé Orléans, l’une des rares villes encore fidèles au roi de France. On s’attendait à ce que la ville tombe, donnant aux Anglais le contrôle de la vallée de la Loire et effectivement de tout le royaume de France.

Jeanne se rendit à la garnison avec son récit mais fut rejetée. Elle a persisté et, finalement, a persuadé deux soldats de la croire. Ceux-ci, à leur tour, ont persuadé le commandant de la garnison de la rencontrer, et elle l’a convaincu qu’elle était un prophète en prédisant correctement la défaite française à la bataille de Rouvray. Le commandant accepte de l’escorter jusqu’au roi.

Image : Clément de Fauquembergue La seule image contemporaine connue de Jeanne

En 1429, elle se rend à la cour déguisée en soldat, une précaution normale à l’époque. « C’était une société guerrière, mais les femmes commandaient, certaines régnaient même sur des seigneuries qu’elles se transmettaient de mère en fille, les maris prenant le nom de leurs épouses », explique M. Bouzy. « Il devait en être ainsi, car la vie était si incertaine et personne ne pouvait garantir un héritier masculin. Dans ce contexte, son histoire et ses actions n’étaient pas si extraordinaires. »

Jeanne avait 17 ans lorsqu’elle a rencontré Charles VII, âgé de 26 ans, mais il a été si impressionné et convaincu qu’il lui a permis de se joindre à une expédition pour soulager le siège d’Orléans.

Nerveux, de manière compréhensible, au cas où ses ennemis retourneraient leur veste et accuseraient Jeanne d’être de mèche avec le diable, Charles VII ordonne des vérifications d’antécédents et un examen théologique à Poitiers pour vérifier sa « moralité » en avril 1429.

Elle réussit haut la main et, plus tard dans le mois, arrive à Orléans.

Les Français perdent gravement la guerre. Ils manquaient de soldats, d’argent, de matériel militaire et de motivation. Peut-être étaient-ils prêts à tout essayer ?

La mesure dans laquelle elle a participé à la prise de décision alors que les Français cherchaient à briser le siège restera un mystère. Mais qu’elle ait été fortement impliquée ou que l’histoire et la légende l’aient dépeinte dans un rôle plus important, le fait est que les forces françaises précédemment assiégées ont été revigorées.

Laissant la ville, ils ont pris les forteresses périphériques et, le 7 mai 1429, ont attaqué la forteresse anglaise des Tourelles.

Jeanne a été l’héroïne du jour, tenant sa bannière haute dans les tranchées jusqu’à ce qu’elle soit blessée par une flèche. Elle est revenue dans la mêlée après avoir été soignée pour encourager les troupes qui donnaient l’assaut final.

Les Anglais se sont retirés et le siège d’Orléans était terminé.

Les Français ont pris cette victoire comme une preuve que Jeanne avait été envoyée par Dieu pour les aider. Les Anglais déclarent qu’elle a été envoyée par le diable.

Malgré le danger encore très présent, Jeanne, surnommée la Pucelle d’Orléans, est fixée sur son ambition ; elle va voyager avec l’armée et libérer Reims afin que Charles VII puisse être officiellement couronné.

C’est le début d’un été glorieux pour Jeanne. Soudain, au lieu d’être une personne venue de nulle part, elle chevauchait avec les rois, à l’avant-garde de l’armée, participant à des batailles victorieuses. Du jour au lendemain, elle était devenue un acteur majeur du destin et de l’histoire de la France. Elle reçut même ses propres armoiries.

Peinture : Peinture de Jeanne d’Arc par John Everett Millais, 1865

Les forces françaises entrent dans Reims le 16 juillet, et le couronnement de Charles VII a lieu le lendemain matin. Puis l’armée repart, via une succession d’autres victoires, vers Paris, qu’elle attaque le 8 septembre.

Jeanne est blessée à la jambe par un carreau d’arbalète. L’armée française est finalement contrainte de battre en retraite, mais en octobre, elle connaît une nouvelle série de victoires. À la fin de l’année, Jeanne et sa famille avaient été anoblies et une trêve avait été conclue avec l’Angleterre.

Jeanne resta à dicter des lettres agressives à de prétendus hérétiques jusqu’au mois de mai suivant, lorsque les Anglo-Bourguignons assiégèrent Compiègne. Mais la chance tourne et elle est capturée par les Bourguignons. Après qu’elle ait fait plusieurs tentatives d’évasion infructueuses, ils la vendirent aux Anglais, qui l’incarcérèrent à Rouen.

Des tentatives infructueuses furent faites pour la sauver tout au long de cette année et de la suivante, tandis que les Anglais mettaient en place une série bizarre d’enquêtes et d’interrogatoires, et finalement la jugeaient pour hérésie.

Lors des interrogatoires, elle fut contrainte d’abjurer ses visions d’anges et avoua qu’elles ne venaient pas de Dieu, et qu’elle se rendait compte que le dire était une hérésie.

Plus tard, elle se rétracta et déclara que ses visions étaient réelles, donnant à l’accusation un prétexte pour la déclarer coupable d’être une hérétique récidiviste. Le fait d’avoir porté à plusieurs reprises, même en prison, des vêtements masculins a également été produit comme preuve d’hérésie répétée. A tout juste 19 ans, elle est brûlée sur le bûcher le 30 mai 1431.

« Elle a été brûlée pour des raisons politiques », explique Olivier Bouzy. « On ne pensait pas que les sorcières avaient un quelconque pouvoir, et il n’était pas rare qu’une femme soit prophète, ou qu’elle se batte avec une armée. Elle n’a donc pas été brûlée parce qu’elle était une sorcière ou une femme. Elle a été brûlée comme hérétique parce qu’elle représentait une menace politique pour les Anglais et qu’ils voulaient se débarrasser d’elle. »

Photo : Smallbones La Sainte dans une pose classique dans une statue à Philadelphie

Selon les témoignages, une fois qu’elle était morte, les charbons étaient ratissés pour montrer son corps, qui était ensuite incinéré deux fois de plus jusqu’à ce qu’il soit réduit en cendres, qui étaient ensuite dispersées dans la Seine.

La guerre de Cent Ans s’est prolongée pendant 22 ans jusqu’en 1453, mais les Anglais n’ont jamais repris le dessus.

Charles VII reste le roi légitime de France malgré le couronnement d’Henri VI d’Angleterre (âgé de 10 ans) à Paris, en décembre 1431.

L’alliance anglo-bourguignonne se brise en 1435 et après cela, l’action s’éteint, alors que Jeanne d’Arc est déjà devenue mythifiée.

En 1452, il y a une enquête posthume sur son exécution, puis un nouveau procès la déclare innocente en 1456. Elle fut embellie en 1909 et canonisée comme sainte en 1920 par le Pape Benoît XV.

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