Architecture indienne primitive (IIe siècle av. J.-C. – IIIe siècle apr. J.-C.)

À l’exception des stūpas, les vestiges architecturaux du IIe siècle av. J.-C. (chute de la dynastie Maurya) au IVe siècle apr. J.-C. (essor de la dynastie Gupta) continuent d’être rares, ce qui indique que la plupart des travaux ont été réalisés en brique et en bois. Une fois encore, les exemples taillés dans la roche et imitant étroitement les formes en bois donnent une idée assez précise d’au moins certains types de bâtiments de cette période.

Les stūpas deviennent progressivement plus grands et plus élaborés. Les balustrades continuent d’imiter la construction en bois et sont souvent sculptées à profusion, comme à Bhārhut, Sānchi II et Amarāvatī. Celles-ci étaient également pourvues de portes élaborées, constituées de poteaux supportant de une à trois architraves, imitant là encore des formes en bois et recouvertes de sculptures (Bhārahut, Sānchi I, III). Au fil du temps, on tenta de donner de la hauteur aux stūpas en multipliant les terrasses qui supportaient le dôme et en augmentant le nombre de parasols au sommet. Dans le Gandhāra et le sud-est de l’Inde, en particulier, la décoration sculptée s’étendit au stūpa proprement dit, de sorte que les terrasses, les tambours et les dômes – ainsi que les balustrades – furent ornés de sculptures figuratives et ornementales en bas-relief. Les stūpas du Gandhāra n’étaient pas pourvus de balustrades mais, au contraire, comportaient des rangées de petits temples disposés sur un plan rectangulaire.

Les temples cavernes de l’Inde occidentale, taillés dans l’escarpement des Ghāts occidentaux et s’étendant du Gujarāt au sud du Mahāİāshtra, constituent les vestiges architecturaux les plus importants de la période. On distingue deux grands types de bâtiments, le temple proprement dit (caitya) et le monastère (vihāra, saṅghārāma). Le premier est généralement une salle absidale avec une nef centrale flanquée de bas-côtés. L’abside est couverte d’une demi-coupole ; et deux rangées de piliers, qui délimitent la nef, soutiennent un toit à voûte en berceau qui couvre le reste du bâtiment. Dans l’abside est placé l’objet du culte, généralement un stūpa, la salle étant destinée à la congrégation rassemblée. Devant la salle se trouve un porche, séparé de celle-ci par un mur écran pourvu d’une porte de taille considérable, ainsi qu’une ouverture arquée au sommet clairement dérivée des constructions en bois du type Lomas Ṛṣi et permettant à l’air et à la lumière tamisée de filtrer à l’intérieur. D’autres influences de la construction en bois sont tout aussi frappantes, notamment dans les nervures de la voûte qui couvrent tout le plafond et qui sont parfois réellement en bois, comme à Bhājā, où les piliers sont également ratissés en imitation des exigences de la construction en bois. Les piliers sont généralement octogonaux avec une base en forme de pot et un chapiteau d’animaux addorsés placés sur un lotus en forme de cloche, ou campaniforme, dans la tradition maurya. L’exemple le plus significatif se trouve à Kārli, datant approximativement des dernières années du Ier siècle avant notre ère. Le caitya de Bhājā est certainement le plus ancien, et on en trouve des exemples importants à Beḍsā, Kondane, Pītalkhorā, Ajantā et Nāsik. Vers la fin de la période, un plan quadrilatéral apparaît de plus en plus fréquemment, comme, par exemple, à Kuda et Sailarwāḍī.

En plus du caitya, ou temple proprement dit, de nombreux monastères (vihāras) sont également taillés dans la roche. Ceux-ci sont généralement pourvus d’un porche à piliers et d’un mur écran percé de portes donnant accès à l’intérieur, qui consiste en une « cour » ou salle de congrégation dans les trois murs de laquelle se trouvent les cellules des moines. Les exemples sculptés dans la roche qui subsistent sont tous d’un étage, bien que la façade du grand monastère de Pitalkhorā simule un bâtiment de plusieurs étages.

Des monastères sculptés dans la roche sont également connus en Orissa (Udayagiri-Khandagiri), dans l’est de l’Inde. Ils sont beaucoup plus humbles que leurs homologues de l’Inde occidentale, et consistent en une rangée de cellules qui s’ouvrent sur un porche, la salle étant absente. À Uparkot, à Junāgadh, dans le Gujarāt, se trouve une remarquable série de structures taillées dans la roche, datant du 3e-4e siècle de notre ère, qui semblent avoir un caractère séculier et qui, selon toute probabilité, servaient de maisons de plaisance royales.

Le grand nombre de représentations de bâtiments que l’on trouve sur les sculptures en relief de sites tels que Bhārhut, Sānchi, Mathurā et Amarāvatī constitue une riche source d’informations sur l’architecture indienne primitive. Elles représentent des villes fortifiées et entourées de douves avec des portes massives, des résidences élaborées à plusieurs étages, des pavillons avec une variété de dômes, ainsi que des huttes simples au toit de chaume qui sont restées la base de la plupart des formes architecturales indiennes. Une caractéristique frappante de cette architecture indienne primitive est l’utilisation constante et abondante de fenêtres et de portes cintrées, qui sont des éléments extrêmement importants du décor architectural.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.